Il y a des habitudes que l’on prend vite. Il y a aussi celles que l’on perd. Celles qu’on quitte avec un noeud au bide, avec lesquelles on ne pensait pas pouvoir couper et qu’on a hâte de retrouver à peine partie. Deux mois sans travailler suite à cette seconde opération. La première fois que j’ai réussi à couper complètement le cordon avec le travail. Il le fallait, on ne peut pas être partout. On ne peut pas être nul part non plus. Il fallait que je sois avec moi et ce n’est déjà pas une mince affaire. Les premières semaines post-op ont été au rythme de mon corps, lentes, douloureuses, pénibles, je me suis traînée en étant improductive. Le deuxième mois a été plus actif, toujours autant besoin de repos mais du mal à l’accepter et à me l’autoriser, entrecoupée de quelques rares sorties et de tas d’occupations à la maison.
La conclusion est sans appel, je reprends dans 3 jours et je ne me suis pas reposée. J’ai fait des mini sommes, des siestes, mais les journées sont passées vite, j’ai voulu géré ce qu’il y avait sur le feu et ce pour quoi je n’ai pas le temps d’habitude: administratifs, tri, rangement… J’ai du regarder 3 films, je ne me suis même pas lancée dans une saison complète de séries. Je me déçois. Je n’ai pas assez “plaidé”. Plaider a plusieurs sens, et là ne t’imagines pas dans un tribunal, mais bien dans un canapé, enroulé dans un plaid cocooning, doux et chaud où juste tes mains (et encore!) et une partie de ton visage sont apparents.
Je reprends lundi 12. J’angoisse, c’est une des rares fois où cela m’arrive. J’adore mon boulot, même si certaines choses que je n’étalerai pas ici font que l’envers du décor est devenu moins rose. J’insiste, j’adore le lieu et la dynamique où je bosse, ce qu’on y fait, l’ambiance interne (bon à 90% car cela reste un women-world, tout est dit). J’aime mon bureau, organiser, j’adore observer l’évolution des enfants, échanger avec leurs parents, me lancer dans des projets. Mais là je flippe. Je flippe d’être tétanisée de douleurs comme il m’arrive parfois, d’être crevée et de ne pas tenir le rythme (tu sais quand tu as un enchaînement de “bâillages” inmaîtrisables et communicatifs qui fait que même rester active dans une discussion te semble l’Everest).
Et là je te crache la pilule… Je dois m’occuper des enfants d’autrui alors que je n’ai même pas récupérer toutes les capacités pour m’occuper de mon propre enfant comme je le voudrais. De près, de loin, j’entends déjà des gens me dire “Mais tu n’auras pas à t’en occuper sur le terrain dans ton état”, “On va être vigilant”, “Ce n’est pas la même chose”, vous êtes quand même bien d’accord qu’être directrice de crèche c’est accueillir les enfants, mettre tout en oeuvre pour leur bien-être donc que tu leur changes la couche ou pas, que tu te mettes à 4 pattes en imitant Justin le lapin ou pas, que tu travailles sur les évaluations annuelles, sur le projet pédagogique, tu es dans la dynamique de t’occuper au mieux de ces chouchous, tu sais que tu vas rentrer forcément un peu plus claquée et un peu moins disponible et en forme pour ton enfant. Depuis que je suis mère, j’ai ce sentiment d’être incomplète pour elle (mais complète avec et grâce à elle, le paradoxe!) car partout et nulle part, devant gérer pas mal d’aléas de la vie (bon ok, prochain billet sur la mère qui culpabilise). J’ai du mal à accepter de ne pas être totalement avec mon enfant et de passer parfois plus de temps pour et avec ceux des autres, pour qui j’ai un profond respect et avec lesquels des liens se créent, tout en sachant que cela n’a rien à voir, que cela ne m’empêche pas de contribue au bonheur de ma Précieuse. C’est un sentiment bizarre. Sachant tout ça, il ne me reste plus qu’à anticiper et éviter ces dangers. Ma reprise va être light puisqu’elle sera suivie de vacances de Noël incessamment sous peu. Lundi, je sais bien que je n’aurais plus toutes ces questions, toutes ces angoisses, que je vais vite être dans le bain, contente de voir des personnes que j’apprécie, d’autres que j’affectionne. Mais là aujourd’hui c’est le bad. Aujourd’hui je me rends compte qu’il me reste 15000 choses à faire et que je suis mal. Mon cerveau s’est connectée avec mon corps car j’ai des douleurs lancinantes et fortes. Non ce n’est pas dans ma tête même si le stress ne doit rien arranger. J’ai envie de bloguer en pyjama avec un thé toute ma vie. Ce n’est pas possible? Ah pardon c’est dommage, il est bon de vivre de ces passions, ce qui me permet de revenir à ma motivation première: Observer, réfléchir, accompagner le développement physique, socio-affectif, des mini êtres humains pour appréhender au mieux cette vie de grand qui se rapproche un peu plus chaque jour. Je vais retrouver des bébés qui marchent, des moyens qui parlent, des grands qui mettent leurs chaussures tout seul. Je sais que lundi je vais être émerveillée. Et je sais que c’est aussi mon métier qui m’a donné envie de bloguer.
Alors le travail, la famille, la santé, le blog, la vie quotidienne, j’ai envie de vous dire, même pas peur, ça va le faire. Je vais réussir mon retour au travail. Et sans stress. Je me dois d’être efficace, pour moi avant tout, pour contrer la maladie, et pour prouver que même après deux mois d’absence, je peux reprendre la direction du navire.
Merci d’avoir pris le temps de lire mon auto-thérapie de comptoir, je vais me finir devant la dernière saison de Scandal là, maintenant, tout de suite, avec un plaid, un litre de thé, des pancakes au Nutella et mon chat ronronnant…!
Annick
Tu vaincras je n en doute pas …..de toutes façons as tu le choix 😆
Mon ZEBULON sera ravie de retrouver sa maman le soir que de gros câlins de retrouvailes en perspective
C est la vie mes filles
Courage à vous 2 c est le 1er pas qui compte et je sais aussi combien tu aimes et que tu excelles dans tes activités professionnelles