L’ambivalence des mères… Il s’agit de trouver les bons mots. Les mots justes. Ceux qui ne heurtent pas. Qui ne blessent pas. Qui parlent. Qui sont les voix de notre âme.
On désire fort nos enfants. Nous les femmes nous avons la chance de les sentir se construire, prendre forme, en nous. De leur donner la vie. Parfois non sans mal, sans souffrance.
Quelques heures après cette première rencontre, après la grossesse épanouissante mais épuisante, l’accouchement inoubliable mais marathonien bien souvent, on rêverait juste que ce bébé soit apaisé contre nous et s’ajuste à notre besoin intense de récupération.
Alors que le début du challenge, de la grande épopée parentale vient d’être siffler.
La première séparation. Celle qui n’arrive parfois jamais chez certains. Laisser notre enfant pour souffler, pour se retrouver, pour l’habituer, pour un impératif, pour se reposer. On a toutes un pincement au cœur suivi d’un cri de délivrance ou de déchirement.
Mais qui n’a jamais savourer les premières minutes de retrouvailles avec soi-même.
Il serait temps que j’utilise le “je”. Vous ne ressentez certainement pas toutes les mêmes choses que moi. Je trouve que nous sommes ambivalentes. Que je le suis.
Ma fille me remplit d’amour. Un amour incommensurable, inépuisable, un amour câlin, un amour vache, un amour fusionnel, passionnel.
Je ne respire plus. Je travaille. Je vais à mes différents rendez-vous médicaux qui sont rentrés dans la routine de ma vie. Je m’occupe de mon foyer. Et de ma fille. Oui je suis comme beaucoup. J’ai quelques (rares) moments pour moi. Des moments culpabilisant durant lesquels j’ai du mal à relâcher la pression. À ne penser qu’à l’instant présent et sympa que je suis en train de vivre.
Ce que je veux dire c’est qu’avec ma fille, collées, il m’est presqu’impossible de faire autre chose que de partager avec elle, de jouer avec elle, de l’observer, de lui parler, de l’encourager, la féliciter, la mettre en garde face à une énième bêtise. Je suis elle. Elle est moi. Je n’ai plus de moments à moi et je les cherche, je les réclame, je les quémande, je les rêve. Et pourtant je les repousse, je ne les provoque pas tant que ça, je ne les assume pas, je ne les vis pas bien, et ma conscience me travaille.
Sans elle, il me manque du moi. Sans elle, je suis incomplète. J’ai forcément participé à la création de ce lien de dépendance qui est inévitable et impératif au début mais qui devrait s’amenuire au fil du temps. Il n’en est rien pour le moment.
Je veux du temps pour moi avec ma fille pas loin, dans mon champ de vision, qui joue une heure ou deux seule et vient me voir pour une anecdote, un bisou. Je veux pouvoir monter les escaliers de notre maison pour aller plier du linge sans qu’elle pleure et qu’elle me suive immédiatement. Je veux prendre une douche sans user de stratégie et devoir trouver le bon dessin animé qui sera conforme à la durée de mon shampoing et de mon après-shampoing.
Je veux avoir une relation mère-fille saine, posée, qu’on s’aime à la folie sans que tout soit démesuré.
Je suis ambivalente. Sauf dans la sincérité de mon amour pour ce petit être qui m’a donné le plus beau rôle de ma vie.
Nous sommes ambivalentes quand je lis tous ces posts, ces statuts, ces articles où on se cherche dans une relation parentale qui se voudrait parfaite mais qui tâtonne pour trouver un juste équilibre, qui finit souvent par arriver.
Viens à nous, équilibre, on te bichonnera.
C’est rassurant de savoir que nous sommes une bande d’ambivalentes dégoulinantes d’amour et de dépendance qui hurlent sur tous les toits que parfois on aimerait se lever en se demandant ce qu’on va bien pouvoir faire de sa journée et ne penser qu’à soit.
Merci de vivre la même chose que moi. Nos difficultés mutuelles nous aident. Merci aussi à ces relations mère-enfant me renvoyant la perfection et l’harmonie, je me dis que tout est possible et que je frôlerai forcément un jour cette plénitude.
Peace and Love dans vos cœurs de Mamans.